Jacques Imbert, dit Jacky "le mat ", alias
Le Pacha, alias
Le Matou est une figure historique du milieu marseillais, tenu pour le « dernier parrain » présumé de
Marseille.
Parcours
Jacques Imbert est né à
Toulouse en 1929, d'un père ouvrier dans l'aéronautique. Le futur "Jacky le Mat" passe quatre ans dans les tirailleurs sénégalais à Oran. Au début des années 50, il se fait remarquer lors d'une rixe dans un bar de Montpellier, en tapant sur l'amant de sa belle-mère.
Jacques Imbert, désormais appelé Jacky le Mat, c'est-à-dire le "fondu" en argot, est présenté à la "Bandes des Trois Canards" (du nom de leur cabaret). Outre le casse et le braquage, l'équipe est spécialisée dans le racket. Jacky devient un élément essentiel de l'équipe, sachant faire preuve d'un sang-froid et d'une détermination d'expert, avec pour professeurs, parmi d'autres, Gégène le Manchot, Gaëtan Alboréo et Marius Bertella. Les membres de la bande sont essentiellement des italiens de Marseille, dont Tany Zampa.
C'est au sein de cette bande qu'il rencontrera Tany Zampa, futur caïd du Milieu marseillais, en 1958. Les deux hommes se lient d'amitié. Dès lors, tout en gardant un rôle dans la "bande des Trois Cannards", Jacky le Mat se met à faire des affaires sur Marseille. Jacky s'impose comme un chef de bande incontestable et se retrouve à la tête d'une équipe de vingt truands marseillais. Il évolue sous la houlette de Tany Zampa mais reste indépendant vis-à-vis de lui.
Il aime flamber et plaît aux femmes. Outre deux mariages, on lui prête six maîtresses. Il adore, aussi, faire des dérapages controlés Place de l'Etoile à Paris. Il se plait à relever toutes sortes de défis. Comme le jour il a traversé un bras de mer à la nage au large de Marseille. Malgré ses éclats dans la filouterie, la police ne le coincera qu'une seule fois durant cette période, en 1961, pour proxénétisme. À peine sorti de prison, il reprend ses agissements.
En 1962, il entreprend de mettre à l'amende le bordelier oranais Raymond Infantes. Ce dernier, caïd confirmé, ne se laisse pas faire. Dès lors, en solo, Jacky le Mat part pour Oran, enlève Infantes et le ramène à Marseille à bord d'un avion qu'il pilote lui-même. L'Oranais, apeuré et "travaillé", accepte de verser l'argent qu'on lui demande. Ce genre d'exploit permet à Jacky de se forger une solide réputation d'homme dangereux et déterminé.
Un an plus tard, le 14 avril 1963, il est moins compréhensif. Jean-Baptiste Andréani, le roi du jeu parisien, ne voudrait pas payer l'amende de 50 millions d'anciens francs que lui a fixé la "Bande des Trois Canards". Il reçoit deux coup de fusil de chasse tirés par le Mat. Il survivra. Néanmoins, le mobile de la tentative de meurtre n'est pas bien défini : s'il ne s'agit pas d'un racket des "Trois Canards", il se pourrait que ce soit un contrat de Marcel Francisci, rival de Jean-Baptiste Andréani.
Vers le moitié des années 60, la bande des "Trois Canards" se sépare. Du coup, Jacques Imbert s'installe à Marseille où sa réputation de dur est toujours bien établie. Il sera d'ailleurs fiché au grand banditisme en 1968. Un an auparavant, Antoine Guérini a été assassiné. Il se pourrait que ce meurtre ait été mis sur pied par le Mat et Tany Zampa, soit pour leur compte, soit comme service rendu au clan Blémant.
C'est d'ailleurs vers cette époque que Jacky commence à s'intéresser aux courses. En 1968, il devient jockey professionnel et est sacré champion de France en 1973. Il devient ensuite entraîneur et fonde un haras dans la campagne d'Aix-en-Provence avec Alain Delon et Mireille Darc. Mais après le scandale du prix "Bride Abattue" (une course truquée), il est interdit de courir et de mettre les pieds sur un champs de course à partir de mai 1974.
Vers la moitié des années 70, le Mat commence à s'écarter de Zampa. Évidemment, Zampa est le plus puissant, mais Jacky le Mat a une réputation à en faire frémir plus d'un, à la fois tête brûlée, impulsif, déterminé, froid et professionnel. Le point sur lequel les deux clans divergent est le racket. Et en 1977, c'est le litige : Jacky le Mat aurait racketté le même client que Tany Zampa, pour un montant de 8 millions de francs, tout en sachant que la place était déjà prise.
Le 1er février 1977, Jacky le Mat est laissé pour mort sur le parking d'une résidence luxueuse "les Trois Caravelles", à Cassis. Trois hommes font feu sur lui. Il s'agirait de Tany Zampa, Bimbo Roche et Gaby Regazzi. L'un d'eux, probablement Zampa, a lancé : "Une salope pareille ne vaut pas le coup de grâce, laisse-le crever comme un chien". Mais malgré les 22 projectiles qu'il a reçut dans le corps (7 balles de 11.43 et deux décharges de chevrotine), Jacky le Mat a survécu, seule sa main gauche restera valide.
Il passera trois mois à l'hôpital, où il changera de chambre tous les jours, et d'où il prépare sa vengeance : le 3 mars 1977, Gaby Regazzi est abattu alors qu'il se rend sur la tombe de son fils, tué dans un accident de moto. Le lendemain, c'est un proche du Mat qui tombe. Le 30 juillet 1977, Bimbo Roche y reste, au volant de sa Mercedes sur la route de la corniche. En octobre 1977, le neveu de Gaby, Jean-Claude Regazzi, reçoit 30 balles de mitraillette à Antibes. Le Mat est lui arrêté en novembre 1977 alors qu'il planque dans une voiture avec de l'artillerie et des amis près du domicile de Tany. Il fait 6 mois de prison ferme.
Jusqu'en avril 1978, huit hommes des deux camps sont tués, dont Serge Cassone, fidèle de Jacky et frère de Roland Cassone, ainsi que le dernier des Regazzi, Jean-René, le 12 avril 1978. Ensuite, le calme revient. À sa sortie de prison, Jacky le Mat est le nouvel homme fort de Marseille. Les sommes qu'il amassera pendant cette période lui permettront l'achat d'un luxueux yacht et de propriétés dans les Caraïbes, en Floride et en Italie.
En juillet 1984, Tany Zampa se suicide dans sa cellule des Baumettes. La même année, Francis le Belge est libéré de prison. Zampa mort, le Mat craint que ses hommes de confiance ne tentent de récupérer leur puissance perdue. Jacky le Mat, devenu un intime du Belge, entreprend d'organiser avec ce dernier un "nettoyage" méthodique. Entre avril 1985 et février 1987, une bonne dizaine d'ex-lieutenants de Zampa y passent, le dernier de la liste étant Gérard Vigier, assassiné à Toulouse. Cette action est soutenu par une large partie du Milieu.
Après cela, Jacques Imbert vit sa vie entre Marseille et Paris, où il devient officiellement l'attaché de presse du Bus Palladium, une discothéque branchée dirigée par son ami Richard Erman. Imbert semble de moins en moins se préoccuper de Marseille. Néanmoins, il aurait rendu quelques "services" à Francis le Belge dans le "guerre des boîtes", qui dura de 1989 à 1994. Du coup, en novembre 1993, il est incarcéré, puis libéré en 1995, faute de preuves. Sur la porte de sa cellule, il a placé un panneau "Ne pas déranger".
Installé prêt d'Aix en Provence , marié , Jacques Imbert s'est rangé. Dans le quartier de l'Opéra, on le respecte. Ses principales activités : la belote et les courses hippiques, à Pont-de-vivaux et à Marseille-Borely.
Mais récemment, en octobre 2003, il est arrêté à Marseille dans le cadre d'une affaire de contrebande de cigarettes, dans laquelle six autres personnes sont inculpées (Sauveur Ruellou, Richard Erman, Marcel Ballestracci, Antoine Ballestracci et Alexander Mirlas). Richard Erman aurait fait le lien entre les marseillais et la mafia russe. D'abord condamné à 4 ans de prison le 14 décembre 2004, il sera finalement relâché en avril 2005, les charges contre lui n'étant pas suffisantes. Son fils Jack-Henry est né tandis que son père, âgé de 75 ans, était en prison.
le 15 juin 2006 il est encore rattrapé par son passé et est condamné à Marseille à 4 ans de prison, en premiére instance, pour une série d'extorsions de fonds commises au début des années 1990-1993 sur des établissements de nuit parisiens et marseillais ainsi que sur des marchands de biens. Il est finalement condamné à 2 ans de prison le 14 janvier 2008. La plupart des charges retenues contre lui ont été abandonnée. Il souhaite ainsi à 77 ans prendre "sa retraite". Il faut signaler que c'est sa seule condamnation inscrite au casier judiciaire du fait des armistices et remises de peine. Son épouse commercialise une ligne de vêtement dans le 1er rue Glandeves : « Le Matou » dont la diffusion reste limitée à la région Marseillaise.
Le 18 février 2008, le dernier parrain présumé de Marseille fut condamné à deux ans de prison ferme par la cour d'appel d'Aix-en-Provence. Il comparaissait pour des extorsions de fonds commises au début des années 1990, notamment sur un propriétaire de boite de nuit parisienne, La Place. Cependant il ne retournera pas en prison, ayant fait 18 mois de détention préventive.
En 2007, Franz-Olivier Giesbert, écrit un livre (l’Immortel) qui relate la vengeance romancée de Jacky Imbert contre Gaétan "Tany" Zampa, son ancien ami devenu rival sur les quai du vieux port de Marseille à la fin des années 1970.
En 2008, un film homonyme, basé sur le roman de Giesbert, sera réalisé par Richard Berry avec comme acteur principal Jean Reno dans le rôle De Jacques Imbert.
Un documentaire intitulé "Les Parrains de la Côte" retrace le parcours de différents "parrain" dont celui de Jacques Imbert.
Références
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